Il est évident qu’on ne pouvait négliger l’aspect de la réforme de la gouvernance des banques publiques au moment où le pays a décidé de s’engager dans la transformation de son modèle économique.
La modernisation du système bancaire, une dimension stratégique des réformes structurelles globales du secteur financier, répond, en effet, à un objectif de mise en synergie des mécanismes nécessaires à l’émergence d’une véritable politique de croissance où la banque jouerait pleinement son rôle d’intermédiaire financier. Certes, les précédentes réformes ont opéré des mutations au niveau du secteur, mais ce dernier n’a pas atteint le niveau de performance requis, aussi bien en ce qui concerne les méthodes de gestion que sur le plan de la diversification de sa gamme de produits. Par conséquent, la prochaine étape exige des banques publiques d’être compétitives, concurrentielles, performantes et de disposer d’outils de gestion souples, innovants et modernes pour arrimer leur management aux normes et standards internationalement requis. Dans son sillage, la refonte du secteur bancaire, telle que préconisée dans la démarche des autorités, prévoit également l’ouverture du secteur bancaire aux capitaux privés algériens. Une orientation censée consolider l’inclusion financière, comme étant l’un des enjeux du développement et de la stabilité financière et contribuer par la même occasion à capter l’argent de l’informel, estimé à quelque 5.000 milliards de dinars ; un potentiel financier non négligeable qui pourrait être recyclé dans la sphère économique. Par ailleurs, l’ouverture du capital des banques publiques n’est pas à exclure. « Il n’y aura pas de tabous. Toutes les pistes seront étudiées », a affirmé, dans ce sens, le premier argentier du pays qui admet que « la banque publique n’a pas joué son rôle » dans le développement économique. S’achemine-t-on vers l’ouverture du capital des banques publiques ? Le cas échéant, lesquelles ? On ne le sait pas encore sauf que la réflexion est bien engagée. Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, reconnaît aussi qu’il y a eu « des pratiques dans le passé qui ont fait que les banques étaient réduites à des tiroirs-caisses ». Benabderrahmane, qui a fait état d’une « stagnation dans la pratique bancaire », a souligné que la réforme envisagée visait, en conséquence, à « implémenter des systèmes de gouvernance qui vont permettre l’innovation et la mise sur le marché de nouveaux produits ». Aussi, le rôle des banques dans l’accompagnement de la phase de transition économique s’avère capital. A ce titre, il va falloir qu’elles se resituent dans la dynamique de diversification prônée dans le cadre du plan de relance du gouvernement et qu’elles soient à la mesure des défis induits par la nouvelle vision du développement. Une vision qui suppose une ouverture sur le monde et qui dicte la nécessité pour les banques publiques de se déployer à l’étranger, avec comme préalables, en toute évidence, la rentabilité et les besoins exprimés par les investisseurs. L’accord a été donné par le président de la République lors du Conseil des ministres du 20 septembre 2020 pour l’ouverture de banques algériennes en Afrique et en Europe, « qu’elles soient nationales ou à capital mixte afin de permettre aux émigrés algériens d’effectuer des dépôts ou des transferts et d’impulser les échanges commerciaux, notamment avec les pays africains ». Une première succursale d’une banque publique, la Banque extérieure d’Algérie (BEA) en l’occurrence, sera ainsi inaugurée en Europe, en France plus précisément, indiquent des sources sûres. L’Afrique est également dans l’agenda des pouvoirs publics qui ont déclaré l’intention d’ouvrir, à travers le continent, des filiales bancaires publiques ou dans le cadre de joint-ventures, en association avec des opérateurs privés intéressés, notamment au Mali et au Niger, dans une première étape. Une mesure qui ne peut être que bénéfique pour l’économie nationale dans son processus de diversification et d’intégration régionale. Contrairement à l’Europe où les conditions d’agrément de banques étrangères s’avèrent contraignantes, la rentabilité bancaire dans les pays du voisinage est beaucoup plus importante pour des raisons évidentes, devait souligner le ministre des Finances. Plus qu’un choix, cette présence est un impératif pour l’Algérie qui ambitionne d’accéder au marché africain, d’autant plus que l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange africaine (Zlecaf) est prévue début janvier 2021. Une opportunité pour l’Algérie qui compte déployer son potentiel à l’export au niveau du continent.
Akila Allami