Les pierres décoratives ne sont pas en reste dans le potentiel gisement minier algérien, notamment le marbre et le granit découverts par un privé algérien à Tamanrasset. « L’Algérie risque de devenir premier fournisseur mondial de granit », nous a déclarés d’emblée, sans hésitation, Omar Hasnaoui, directeur général des sociétés Hasnaoui qui a commencé par investir d’abord, en 2013, dans une première unité de transformation de marbre à Sidi Bel-Abbès d’une capacité de 1.000 m2/jour, alimentée depuis les gisements des carrières d’ENA Marbre SPA.Face à l’insuffisance des quantités et qualités en matière première à même de répondre à la capacité de production de son unité de transformation, il s’est vu contraint, dit-il, d’importer des blocs de marbre pour faire tourner son usine et répondre à une demande croissante du marché national de marbre et granit qui s’est accrue avec le marché du bâtiment.
La construction massive de logements et autres équipements publics a permis de démocratiser ses produits comme le granit sur le plan de travail des cuisines équipées et autre marbre utilisé, notamment, pour le revêtement des sols, façades ventilées, escaliers… Le marché était là certes, mais encore faut-il le satisfaire par la qualité et la quantité imposées, de fait, par les produits finis importés. Au regard d’une facture annuelle qui s’élève à 400 voire 500 millions usd et des gisements suffisants qui existent pour non seulement satisfaire le marché national mais viser l’export aussi, tout cela a permis à GHS de revoir sa vision et voir plus grand.

Le Groupe des sociétés Hasnaoui est mu par le mot d’ordre adopté par toutes ses filiales créées pour « offrir une solution industrielle globale », qui passe par la maîtrise de toute la chaîne des valeurs, à savoir intégrer les foules processus, comme aimait à le rappeler dans ses déclarations son fondateur Hadj Brahim pour expliquer la prolifération ou la construction de ce Groupe de sociétés portant son patronyme.

C’est à ce titre que GHS a consenti son dernier grand investissement prenant départ depuis l’exploration, l’exploitation à la transformation, précise Omar
Hasnaoui, P.-dg de Tamstone et RanitTam de capacité de fabrication dupliquée à 10.000 m2 de plaques de marbre et granit. Diverses dimensions et épaisseurs de 1 à 3 cm et couleurs sont usinées dans le nouveau site inauguré le mois de juillet par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad.
La découverte d’importants gisements de granit et autre marbre a fait que l’unité de 2.000 m2/jour installée à Tamanrasset était insuffisante pour traiter toute la production, ce qui les a poussés encore à aller de l’avant et investir dans une nouvelle unité deux en un, d’une plus grande capacité en Afrique en un seul, dotée d’une plus grande précision de coupe, poursuit notre interlocuteur.
Évidemment, le parcours n’est pas aussi linéaire comme il se présente, c’est notamment grâce aux embûches qu’il a su transformer en opportunités, à commencer par la demande des titres miniers dans le Sud. « Avant les résultats avérés, certains nous prenaient pour des fous d’avoir tenté le risque d’explorer à 2.000 km à Tam », tenait-il à nous révéler. « Mais cela nous a valu d’être classés le deuxième privé employeur de la région, et de surcroît, premier producteur du premier mètre carré de garnit algérien », a-t-il enchaîné.
À notre question sur les taux d’optimisation entre les capacités d’extraction et celles d’usinage, Omar Hasnaoui répond en substance : « Les capacités de l’usine aujourd’hui sont de 12.000 tonnes/mois, mais nos capacités d’exportation sont de 4.000 tonnes.
Il nous faudra encore plus de gisements pour alimenter l’usine. » Quant à demander d’autres titres miniers ou importer des blocs pour faire tourner à pleine capacité l’usine de transformation, à ce propos, il nous dira que pour satisfaire et optimiser ses capacités d’usinage, d’autres carrières sont en exploration à Saïda et Ghazaouet où il y a eu de belles découvertes en qualité exportable en termes de couleurs tendances, très demandées par le marché international. A savoir des variétés dans le vert avec les veines dorées et du beige créma Marfil premium, très prisé en Espagne.
Pour mettre le pied à l’étrier de l’export, il faut répondre à l’avantage prix et qualité du marbre ou granit usinés en Algérie aux normes internationales. A ce propos, notre interlocuteur précise que « la qualité étant assurée et tant que le coût d’énergie de la transformation est moins élevé qu’en Europe, ceci nous permettra de rester compétitifs ». Plusieurs de ses échantillons marbre, dit-il, sont envoyés au Moyen-Orient, notamment aux Emirats arabes unis. Des démarches étaient entamées pour fournir ce marché juste avant la crise sanitaire qui a perturbé quelque peu cet élan de prospection et de promotion.
Avec le granit, il cible le marché européen qui, à ce jour, est acquis aux fournisseurs d’Inde et de Chine dont les délais logistiques sont plus longs, à savoir d’un mois, contre seulement 48 h depuis l’Algérie. Pour le granit particulièrement, le potentiel réserve pourrait faire de l’Algérie le premier fournisseur mondial surtout avec la montée des capacités de transformation mises en place. A court terme, le Groupe Hasnaoui pourrait contribuer à réduire d’un quart la facture des importations de ces deux matières, conclut-il.
K. A.