Chiffres à l’appui, le ministre de l’Industrie s’est longuement attardé sur les réalisations d’un secteur transformé en un secteur créateur de richesses et véritable levier de croissance hors hydrocarbures avec de grandes ambitions internationales.
Après s’être assuré l’autonomie vis-à-vis des perturbations du marché pharmaceutique mondial, par la production de tous les médicaments et dispositifs médicaux utilisés dans la prévention, le dépistage et le protocole thérapeutique contre le Covid-19, qui grâce à la stratégie de la fonction R&D adoptée par plusieurs laboratoires, le secteur s’est déployé sur différents segments en couvrant les pathologies nécessitant des technologies innovantes. Certains laboratoires jouissent ainsi d’une indépendante technologique, ce qui leur a permis de générer les dernières molécules, précise le ministre en citant des exemples.
La R&D, les essais cliniques sont autant de chantiers mis en œuvre pour cette transformation qui a permis de faire l’économie de 50 millions de dollars par an grâce au passage à la production nationale de 38 molécules bio similaires et générique auparavant importées, et plus que cela, le ministre ambitionne d’atteindre un volume d’exportation en matière de services de 200 millions USD à l’horizon 2024.
Propos recueillis par Mourad Cheboub
Les champions économiques : On constate une avancée réelle dans le domaine pharmaceutique en Algérie et beaucoup d’instruments sont mis en place ainsi qu’un environnement favorable pour les opérateurs, et on parle aujourd’hui énormément plus d’export. Peut-on déduire que vous êtes satisfait et que vous avez atteint l’objectif pour la couverture des besoins du pays ?
La souveraineté sanitaire et la couverture des besoins de santé sont un idéal à atteindre. C’est un enseignement que l’humanité entière a tiré à ses dépens durant ces deux dernières années avec la pandémie de Covid-19.
Dès l’apparition des premiers cas, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a veillé à assurer l’autonomie de l’Algérie vis-à-vis des perturbations du marché pharmaceutique mondial, par la production de tous les médicaments et dispositifs médicaux utilisés dans la prévention, le dépistage et le protocole thérapeutique contre le Covid-19.
Des masques de prévention, aux tests de dépistage en passant par les antibiotiques, les Héparines jusqu’au vaccin anti Covid-19. Nous sommes fiers de tout produire localement, les chiffres sont éloquents et reflètent ce bond qualitatif et quantitatif.
- La capacité de production de l’oxygène médicale avant la pandémie était estimée à 140 000 litres /jour, elle est estimée aujourd’hui à 550 000 litres/jour.
- Augmentation de la capacité de production des Héparines à bas poids moléculaire (Enoxaparine type Lovenox, Varenox), nous sommes passés de l’importation de 8 millions de boîte en 2019 à la production de 25 millions de boîte en 2021.
- Capacité de production des masques chirurgicaux qui a atteint 1 737 000 masques/jour et 526 000 masques type KN95 par jour.
- Lancement de la production du vaccin anti-Covid 19 par le Groupe Saidal en partenariat avec les laboratoires chinois Sinovac le 29 septembre 2021, soit une réduction de 60% de son coût à l’importation.
Vous évoquez la souveraineté sanitaire, il faut savoir que dès la création du ministère de l’Industrie pharmaceutique, nous nous sommes assignés 2 objectifs : assurer la souveraineté sanitaire par la production de 70% des besoins du marché en produits pharmaceutiques conformément aux engagements de Monsieur le président de la République d’une part et d’autre part, transformer le secteur pharmaceutique en un secteur créateur de richesses, véritable levier de croissance hors hydrocarbures.
Pour la couverture de nos besoins, en 2021, l’industrie pharmaceutique nationale couvrait 66% des besoins en valeur, 75% en volume, c’est-à-dire 3 médicaments sur 4 sont produits localement grâce à l’adoption de mesures encourageant le développement industriel se substituant à l’importation, à titre de comparaison, le taux de couverture en valeur était de 52% en 2019, cela illustre si besoin est, la dynamique de croissance et de développement que connaît le secteur
depuis le création du ministère de l’Industrie pharmaceutique.
Aujourd’hui encore, nous travaillons d’avantage à augmenter ce taux notamment à travers la production de médicaments à forte valeur ajoutée tels que l’anticancéreux et les insulines.
Vous vous êtes tracés depuis votre installation à la tête du ministère de l’Industrie pharmaceutique, l’objectif de réduire la facture d’importation et certes, les choses vont dans le bon sens, aujourd’hui, vous voulez réussir un autre challenge, à savoir l’exportation. Peut-on connaître vos prévisions sur les deux ou trois années à venir ?
Concernant la réduction de la facture d’importation, il est primordial de comprendre que cette réduction ne s’est pas faite au détriment des malades, au contraire elle est le résultat d’une meilleure régulation du marché et surtout de l’augmentation de la production nationale.
Ce n’est pas une vue de l’esprit mais une réalité papable, vérifiable sur le terrain, en moins de 2 années d’exercice, il y a eu :
1. – Augmentation de la production des médicaments d’un 1 milliard de dollars en 2021 par rapport à 2019 (2,1 milliards en 2019, 2,4 milliards en 2020, 3,1 milliards 2021),
2. – Réduction de la facture d’importation des médicaments en 2021 de 800 millions de dollars par rapport à 2019 (2 milliards de dollars en 2019, 1,7 milliard de dollars en 2020, 1,2 milliard en 2021), en limitant l’importation aux seuls médicaments essentiels non ou pas assez produits localement.
3. – Baisse de 20% du prix des Insulines importées, soit une économie de 10 milliards de dinars annuellement.
4. – Depuis l’installation du comité économique intersectoriel en janvier 2021, nous avons priorisé l’enregistrement de certains médicaments et nous prévoyons une économie prévisionnelle de 50 millions de dollars par an grâce au passage à la production nationale de 38 molécules bio similaires et génériques auparavant importées, soit une substitution de direct à l’importation de 50 millions de dollars/an.
S’agissant de l’exportation, effectivement c’est un axe prioritaire de notre plan d’action, nous avons même consacré une sous-direction pour la promotion des exportations, elle est rattachée à la Direction de la production et du développement industriel en raison de la corrélation directe entre la production-investissement et export.
Nos prévisions pour cette année s’élèvent à hauteur de 50 millions d’euros, grâce à la mise en place d’un programme prévisionnel d’exportation, nous avons eu des projections de l’ordre de 50 millions d’euros d’exportation de produits pharmaceutiques pour 2022. J’espère qu’on ira plus loin et le grand RDV de Dakar nous permettra justement d’accompagner et de soutenir les opérateurs pharmaceutiques tous domaines confondus, médicaments, dispositifs médicaux, équipements et même produits parapharmaceutique. Ils auront du 17 au 19 mai prochain, l’occasion de faire connaître leurs produits, leur savoir-faire et se positionner sur le marché africain en termes de qualité et de capacités concurrentielles.
D’autre part, nous nous sommes attelés dès la création du ministère de l’Industrie pharmaceutique à une refonte globale de l’ensemble des textes législatifs et réglementaires régissant les différentes activités pharmaceutiques, l’exportation y compris, notre souhait est de faire de l’Algérie un véritable «Paradis de l’exportation». Pour ce faire, tout un dispositif réglementaire incitatif a été mis en place pour accompagner les opérateurs pharmaceutiques.
• Créer des établissements pharmaceutiques dédiés à l’export.
• Libérer les prix sans déficit et accorder un enregistrement simplifié à l’exportation.
• Ajouter le taux d’exportation au taux d’intégration dans le calcul de la valeur ajoutée.
• Exiger des opérateurs internationaux présents en Algérie et inciter les opérateurs locaux à présenter un programme prévisionnel d’exportation de biens ou services pour l’année 2022, en corrélation avec les programmes de production et d’importation
Ce dispositif permettra, à la fois, de transférer industriellement des produits pharmaceutiques et de se projeter à l’export pour les opérateurs locaux tout comme pour les multinationales.
Néanmoins, il va sans se dire que l’exportation en général, et celle des produits pharmaceutiques en particulier, est une affaire complexe, elle comprend, entre autres, des problématiques intersectorielles inhérentes aux ministères du Commerce et des Finances, d’où la mise en place de comités mixtes.
Et on espère que cette année 2022, comme l’a souligné à plusieurs reprises, le Président de la République M. Abdelmadjib Tebboune sera l’année de la diversification des exportations notamment à travers l’investissement productif et l’exportation des produits pharmaceutiques.
L’Algérie aspire à devenir un hub pharmaceutique en Afrique, qu’en est-il de l’investissement et le renforcement de la recherche et le développement essentiels pour l’avancement des biotechnologies et la production des vaccins, pensez-vous que le pays peut se doter d’un grand pôle de recherche dans le continent ?
Notre secteur accorde une importance capitale à la recherche et le développement dans le domaine pharmaceutique, comme pour l’exportation, une sous-direction a été installée au niveau de l’administration centrale du ministère, elle est chargée de la promotion de la recherche et elle est aussi rattachée à la direction de la production et du développement industriel.
L’économie de la connaissance prônée par le président de la République et consacrée dans le plan d’action gouvernemental nous impose l’acquisition de nouvelles technologies permettant le développement du secteur à travers la facilitation des partenariats nationaux et internationaux, notamment en relation avec les institutions universitaires nationales et/ou internationales pour l’accompagnement des projets de recherche en biotechnologie et en technologie.
C’est dans cette optique que le ministère de l’Industrie pharmaceutique a signé une convention avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique depuis 2021 et à partir de là, il y a eu beaucoup de conventions entre différents laboratoires pharmaceutiques (Saidal, Biopharm, Pfizer) et les universités notamment la nouvelle Faculté de pharmacie d’Alger mais également les différents laboratoires et centres de recherche rattachés au ministère de l’Enseignement supérieur.
Il est à souligner également la nécessité absolue de s’adapter aux exigences de compétitivité et maintenir la croissance économique, dans le but de couvrir les besoins du marché national, orienter l’effort vers l’exportation notamment vers l’Afrique, et investir dans une technologie moderne, répondant aux normes nationales et internationales. L’atteinte de ces objectifs, placés au cœur de la stratégie du développement de l’industrie pharmaceutique, se fera entre autres, à travers un nouveau centre de bioéquivalence à Hussein-Dey, qui bénéficie actuellement, d’un appui technique spécialisé et permanent des services du ministère ainsi que l’Agence nationale du médicament. Cet organisme se chargera de compléter les
modalités de mise en place d’un système de qualité, répondant aux exigences réglementaires nationales et internationales, pour lancer le premier champ expérimental dans le cadre du dossier d’accréditation, qui ouvrira la conduite d’études de bioéquivalence pour les médicaments Saidal, les producteurs locaux et les sociétés multinationales opérant en Algérie.
Dans ce sens, l’Algérie s’est dotée de plusieurs institutions à l’exemple du Centre de recherche en sciences pharmaceutiques (CRSP) de Constantine, premier du genre à l’échelle nationale, opérationnel depuis un peu plus d’une année, qui œuvre à renforcer les potentialités de la recherche dans les différents aspects du médicament et des produits pharmaceutiques, ayant obtenu en 2021, son premier brevet sur l’optimisation d’une molécule utilisée dans la fertilité des femmes, délivré par l’Institut nationalalgérien de la propriété industrielle (INAPI). Il est chargé de réaliser, en étroite collaboration avec les institutions et structures relevant de ce secteur, des programmes de recherche scientifique et de développement technologique dans le domaine des sciences pharmaceutiques. Le centre s’intéresse également au développement des produits pharmaceutiques à base de plantes médicinales et aux compléments alimentaires qui constituent un créneau qui peut être rentable pour l’Algérie et les laboratoires pharmaceutiques algériens.
Evidemment beaucoup de laboratoires pharmaceutiques algériens disposent de leurs centres et laboratoires de recherche et développement à l’instar de Saidal, Beker et Biopharm.
Au niveau du Groupe Saidal, la fonction R&D est assurée par le Centre de recherche et développement, entité mise en place en 1999. Elle joue un rôle important en matière de mise à niveau technologique, d’accès aux nouvelles technologies ou de partenariat technologique.
Sur le plan de la production, la fonction R&D a amélioré : la gamme de produits du Groupe Saidal et l’a modernisé ; l’efficacité de la production en innovant de nouveaux procédés de fabrication ainsi que la qualité des produits en mettant au point de nouvelles méthodes de contrôle.
Sur le plan commercial, la fonction R&D a permis à l’entreprise de différencier son offre et de créer plus de valeur pour le client, ce qui permet d’améliorer les recettes de l’entreprise après la valorisation des résultats de la recherche en production. Enfin, sur le plan stratégique, la fonction R&D a permis à l’entreprise de développer sa spécificité et de se différencier des concurrents.
La stratégie de la fonction R&D adoptée par le Groupe Saidal à travers son Centre de recherche et de développement a permis depuis sa création, la mise sur le marché de nouveaux médicaments génériques et l’obtention de 17 brevets auprès de l’INAPI. En 2007, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a délivré au CRD/ Saidal le prix de la meilleure invention de l’année 2007 pour la matrice à désintégration rapide.
Les laboratoires Beker sont dotés d’expertise dans la formulation galénique et développement des méthodes analytiques, dans leur département de recherche. Ils jouissent ainsi d’une indépendante technologique, ce qui leur permet de génériquer les dernières molécules. C’est ainsi qu’ils ont introduit en Algérie les derniers traitements contre l’hépatite C permettant à tous les malades algériens d’avoir accès à ce traitement qui coûte dans les pays développés type USA plus de 90 000 usd. De même que l’anti thrombotiques, anti diabétiques et bientôt les traitements innovants de l’hépatite B et d’autres innovations à venir. Ils se sont également spécialisés dans le repositionnement de thérapeutiques existantes pour d’autres maladies grâce à une équipe de chercheurs de haut niveau.
S’agissant de Biopharm de janvier 2016 à décembre 2020, Biopharm a lancé 121 nouveaux produits dont 89 sont des médicaments ou dispositifs médicaux. 88% d’entre eux sont issus d’un développement interne et 12% sont le fruit d’un transfert technologique. L’année 2021 a permis de réaliser une progression de 50% en termes de nombre de nouveaux produits lancés grâce à la mise en place d’un programme de transformation industrielle. A partir de cette année, le développement prendra encore plus d’importance en investissant massivement dans la R&D près de 185 millions de dinars algériens. Ainsi, un nouveau centre de R&D est aujourd’hui opérationnel dans le but de répondre plus rapidement aux besoins des malades et de réduire la dépendance aux produits importés.
En parlant de R&D, les études cliniques sont l’autre grand maillon dans la chaine de développement des produits pharmaceutiques, l’Algérie malheureusement enregistre un retard considérable en la matière ? Qu’est-ce qui est fait par votre secteur pour promouvoir de telles études ?
Effectivement de par leur importance et leur caractère stratégique, les essais cliniques sont un maillon important dans le processus de développement de l’industrie pharmaceutique nationale, d’où l’amendement du cadre législatif régissant cette activité pour promouvoir la recherche et le développement et favoriser l’accès aux médicaments innovants.
Nous avons préparé, après consultation et en collaboration avec tous les acteurs du domaine, un projet de décrets exécutifs relatifs aux études cliniques, il est actuellement au niveau du secrétariat général du gouvernement. Plusieurs axes ont été revus, notamment l’obligation de mener des études cliniques conformément aux recommandations de bonne pratique (RBP) et selon les modalités fixées par les services du ministère.
Les essais cliniques, il faut le comprendre, sont souvent l’unique solution en terme de traitement qui s’offre aux malades, la valeur ajoutée qu’elles peuvent apporter aux patients est énorme car lui permettant d’accéder à l’innovation en matière de soin.
C’est pourquoi pour l’exercice 2022, le ministère de l’Industrie pharmaceutique envisage de réaliser 100 études cliniques sachant que de 2017 à 2020, aucune étude n’a été enregistrée.
Enfin pour vous qui vous intéressez à l’économie et aux exportations, vous n’êtes pas sans savoir que les études cliniques représentent un segment important pour l’exportation des services dans le domaine pharmaceutique. À l’échelle mondiale, la valeur des exportations de ces services est de 60 milliards USD, c’est pourquoi le ministère de l’Industrie pharmaceutique ambitionne d’atteindre un volume d’exportation de 200 millions USD à l’horizon 2024.
Un nombre important de laboratoires algériens ont montré un grand intérêt pour participer au Salon El Dzair-Healhcare qui aura lieu ce mois de mai à Dakar (Sénégal), un événement exclusivement dédié aux produits pharmaceutiques. Une telle opération peut-elle ouvrir la voie aux exportations et à l’implantation de certains investisseurs algériens en Afrique ?
Au jour d’aujourd’hui, c’est plus de soixante-dix laboratoires pharmaceutiques publics et privés qui prennent part au 1er Salon de l’industrie pharmaceutique algérienne «El Djazair Healthcare», qui se tiendra du 17 au 19 mai 2022, à Dakar au Sénégal.
C’est un grand RDV à plus d’un titre, car ce Salon permettra aux opérateurs pharmaceutiques algériens d’exposer leurs gammes de produits et leurs technicités à leurs homologues sénégalais mais également aux centrales d’achat locales et sous-régionales (Mauritanie, Mali, Niger Burkina-Faso et pays membres de l’Association africaine des centrales d’achats de médicaments essentiels (ACAME).
Mais aussi les opérateurs présents auront l’opportunitéde rencontrer leurs homologues africains. Nous nous sommes fixés comme objectif de créer un écosystème favorable au développement de partenariat, c’est ainsi que 3 jours durant au même endroit seront réunis les opérateurs des deux pays mais il y aura également les banques, les transporteurs spécialisés dans le fret aux côtés de tous les acteurs associatifs et professionnels régionaux. Et je peux d’ores et déjà vous dire à cette occasion que plusieurs mémorandums, accords et contrats seront signés entre les différentes parties présentes.
Cette réunion a permis de mettre en relief l’ensemble des mesures prises par l’Algérie pour soutenir et encourager les opérateurs pharmaceutiques dans leurs démarches d’exportation notamment en direction des marchés africains.
Notre ambition est de faire de cette 1re édition en Afrique de l’Ouest, le point de départ des relations de partenariat et d’affaires gagnant-gagnant algéro-sénégalaises. Les plus hautes autorités du pays accordent le plus grand intérêt à ce partenariat à l’exemple de l’instruction de Monsieur le Président de la République Abdelmadjid Tebboune portant sur la réouverture de la ligne aérienne Alger–Dakar et le lancement de la ligne maritime entre les deux pays.
Ce Salon, nous le souhaitons, verra le déploiement industriel et commercial de l’Algérie en direction du Sénégal mais pas seulement en direction de l’ensemble des pays africains de la région, ce qui permettra le développement d’une industrie pharmaceutique africaine à même de contribuer à l’essor économique et au renforcement de la souveraineté sanitaire continentale.
L’Algérie a exprimé sa volonté d’abriter le futur siège de l’AMA (Agence africaine du médicament), et aussi nombreux autres pays ont émis ce vœu, l’Algérie a-t-elle plus de chance de réaliser son souhait ?
Plus qu’un vœu ou un souhait, cette ambition d’abriter le siège de l’Agence africaine des médicaments, l’Algérie l’a exprimé et affiché très tôt, dès l’entame du processus de création de l’AMA. En effet, l’Algérie a été parmi les premiers Etats signataires du traité instituant l’AMA en février 2019, ratifié en juin 2021. Nous avons déposé l’instrument de ratification auprès de la Commission de l’UA en juin 2021 et l’Algérie a officiellement soumis sa proposition d’accueillir le siège en août 2021.
Dans notre dossier de candidature, nous avons détaillé et mis en avant les atouts que recèlent l’Algérie, forte de ses 141 opérateurs pharmaceutiques, déployés à travers 159 sites de production, notre Industrie pharmaceutique est le pilier de la politique de santé publique. Elle est à présent considérée comme l’une des mieux abouties d’Afrique : résultat de nombreuses années d’efforts et d’investissements pour réduire notre dépendance aux importations et de nous orienter progressivement vers l’exportation à la conquête des marchés régionaux et continentaux.
Aujourd’hui, la production nationale couvre toutes les aires thérapeutiques avec une forte orientation vers la fabrication de produits à forte valeur ajoutée notamment ceux destinée aux traitements d’oncologie et les Insulines, comme en témoigne la fabrication locale du vaccin anti Covid-19 par le groupe public Saidal en partenariat avec les laboratoires chinois Sinovac.
Ce développement sans précédent, coïncide avec la création du ministère de l’Industrie pharmaceutique, identifié comme secteur stratégique par les autorités publiques, ce qui a permis de substituer progressivement la production locale à l’importation en assurant une couverture de 66% des besoins en médicaments et de 75% en valeur.
Il faut savoir que notre pays possède énormément de ressources qu’elles soient institutionnelles, scientifiques et règlementaires, on peut citer l’existence d’une Agence nationale des produits pharmaceutique de par les missions qui lui sont attribuées, son organisation et vu son expérience dans la formation des cadres venus de divers pays du continent africain qui apportera certainement une contribution considérable à l’AMA.
Il y a cette réforme du cadre législatif et réglementaire, entreprise depuis la création du ministère de l’Industrie pharmaceutique, à l’effet de l’harmoniser et de le mettre au diapason des standards internationaux en vigueur en la matière sans oublier la ressource humaine et scientifique hautement qualifiée qui constituent l’un des fondements d’une industrie pharmaceutique forte.
Autant de points forts que nous avons mis en avant au mois de mars dernier, lorsque notre dossier de candidature a été examiné par la délégation de la mission d’évaluation de la commission de l’Union africaine UA, conduite par son président le Pr Aggrey John Douglas Amballi.
Lors de cette mission, la délégation a été reçue en audience par le Premier ministre M. Aïmene Benabderrahmane mais également par le chef de la diplomatie M. Ramtane Lamamra et moi-même, ce qui témoigne de l’intérêt et la volonté de l’Algérie d’accueillir le siège de l’AMA, conformément aux instructions de Monsieur le Président de la République Abdelmadjid Tebboune visant à mettre à la disposition de l’Agence africaine des médicaments toute l’expertise algérienne, à travers ses ressources institutionnelles, scientifiques et règlementaires en vue de soutenir et d’accompagner l’AMA dans l’accomplissement de ses missions.
M. C.