A moins d’une année de la mise en production et la commercialisation du gaz et du pétrole, le Sénégal aspire aussi à se placer au premier plan dans l’approvisionnement mondial.
Vers la route de l’émergence
Le Sénégal situé sur la côte ouest de l’Afrique au climat varié, localisé dans la zone sahélienne, il dispose ainsi d’une diversité naturelle tel que les steppes, les savanes et les forêts. Dakar, la capitale du pays, change de visage et se métamorphose au rythme du développement du pays, elle demeure la vitrine première du Sénégal. Appelée aussi le pays de la Teranga, ce mot Wolofe (deuxième langue officielle après le français), veut dire hospitalité et qui traduit aussi la générosité sénégalaise au quotidien. Le Sénégal connaît une stabilité politique impressionnante et qui reste l’un des rares pays africains à ne pas connaître de coup d’Etat. L’économie est très dynamique ces dernières années, soutenue par l’exploitation minière, la construction, le tourisme, la pêche et l’agriculture, cette dernière au cœur du pays offre un grand potentiel. Le secteur agricole est une carte sûre pour la sécurité alimentaire et surtout économique pour booster l’agro-industrie, comme le prévoit le Plan Sénégal Emergent (PSE) du Président, Macky Sall. Le PSE est une stratégie étalée sur une décennie 2014-2023 appuyé sur une vision à l’horizon 2035 à travers des axes stratégiques. Beaucoup d’investissements publics pour la majorité et aussi privés qui ont permis un taux de croissance de 6,6% avec une moyenne de 500 000 postes d’emplois créés, ce plan est un vaste programme de développement qui promet l’émergence à l’horizon 2035 (lire article en page).
Potentiel pétrogazier
Le secteur des hydrocarbures prépare le Sénégal à un destin meilleur, les découvertes du gaz et du pétrole réalisées entre 2014 et 2015 le place au premier plan dans l’approvisionnement mondial, après la mise en production et la commercialisation, il peut devenir un important producteur exportateur, les experts lui prédisent d’atteindre un taux de croissance de 9,5% dès 2023, et grimperait à plus de 10% en 2024. Ce potentiel pétrogazier est en cours de développement, le pétrole et le gaz sont tous les deux offshores (au large des côtes du pays). Le projet gazier est le plus important, même s’il implique aussi la Mauritanie, (à cheval entre les deux pays), ce gisement a été découvert en 2015, il est attendu une production de gaz naturel liquéfié (GNL) de 2,5 millions de tonnes par an à partir de 2023 et sa capacité de production, selon les estimations, pourrait dépasser les 10 millions de tonnes par an dès 2026. Les barils de pétrole proviendront du gisement Sangomar, situé à 100 km au large de Dakar, avec des réserves à plus de 2,5 milliards de barils de pétrole brut et une production entre 100 000 et 120 000 par jour. Ces découvertes marqueront à coup sûr, un virage important dans l’histoire politique et économique du pays.
Diamniadio, demain c’est ici
Une nouvelle ville commence à sortir de terre et prendre forme depuis 2014, pour désengorger la capitale qui compte 3 millions d’habitants, Diamniadio puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est située 35 km de Dakar et à 17 km du nouvel aéroport international Blaise Diagne. Celle qui était une simple petite localité est appelée à recevoir pas moins de 300 000 habitants avec des zones d’habitation mixtes, des zones industrielles, des quartiers administratifs, des sites de conférences, des complexes sportifs, des universités… Diamniadio est une cité entière créée de toutes pièces. Le projet est monté avec des partenariats public-privé, en 5 ans plusieurs bâtiments ont poussé, un lieu de vie et de travail, 3 000 fonctionnaires y sont déjà installés dans leur bureaux et quitté la capitale, on en compte 15 ministères et un ensemble d’administrations et services de l’Etat tous regroupés pour une meilleure efficacité dans le travail des agents public. L’objectif est d’atteindre 10 000 personnes entre fonctionnaires et employés du privé qui viendront travailler à Diamniadio. Ces ministères comme pour l’immobilier, ce sont les investisseurs privés qui les ont construits dans le cadre du partenariat public-privé. L’Etat n’est pas propriétaire au départ, l’idée et le concept sont simples, le gouvernement accepte de vendre les terrains aux promoteurs privés à des prix bas en contre partie ces derniers s’engagent à construire les ministères et aussi assurer l’exploitation pendant six ans et l’Etat verse un loyer au promoteur et à la fin de cette période, l’Etat devient propriétaire des bâtiments. Cette ville nouvelle est aussi une opportunité pour attirer les investisseurs étrangers, pour cela une zone franche a été créée sous forme de parc industriel, (plateforme industrielle internationale), les entreprises bénéficieront de nombreux avantages fiscaux et c’est ainsi qu’une quarantaine de sociétés se sont installées. La première phase est presque terminée, mais la ville nouvelle est encore un vaste chantier pas totalement peuplé. Les infrastructures de transport pour relier le centre de Dakar à la ville nouvelle par une autoroute et le train régional (TER) de 55 km de rail avec 14 stations sont opérationnelles. Le TER qui permet d’aller de Dakar à Diamniadio en moins de 20 minutes, plus d’une heure en voiture, est venu libérer les citoyens des banlieues des embouteillages qui peuvent durer plus de deux heures, pour se déplacer dans le confort. Inauguré en décembre 2021, le TER a coûté 1.1 milliard d’euros.
Mourad Cheboub.