Dans une récente livraison de sa newsletter périodique, l’entreprise Général Emballage sous la plume de son directeur de communication, Mohamed Bessa, fait état de la situation mondial de l’industrie du papier impacté fortement par la crise covid19 et accentué par la guerre en ukraine, dont nous reprenons en substance sa contribution, qui en préambule annonce et explique la hausse vertigineuses des papiers.
En effet, les cours des papiers reprennent l’ascenseur depuis les étages supérieurs. Alors qu’ils ont marqué 115% d’augmentation au mois d’août 2022 comparé à août 2021, dernière séquence d’une trajectoire inflationniste continue depuis fin 2019, voilà que de nouvelles hausses entrent en vigueur.
Quand ça finit, ça recommence. L’espoir d’une stabilisation sinon d’une baisse, après la sortie de la Covid-19, vole en éclats avec le conflit russo-ukrainien.
DS Smith a ainsi notifié, le 07 septembre, une hausse de 140 € la tonne sur tous les ordres d’achat passés à compter du jour même de cette annonce dans un empressement marqué du sceau de l’urgence et d’une certaine brutalité.
Loin d’être un cas isolé, la décision du papetier britannique exprime le positionnement tarifaire de l’ensemble des autres producteurs, avec des avis d’augmentations de l’ordre de 15%.
En cause, la crise énergétique induite par le conflit en Ukraine, une situation qui n’est pas près de s’estomper.
La veille, la Fédération des industries papetières européennes (CEPI), qui regroupe 895 usines de pâte à papier et de carton dans 18 pays avec une production de pâte de 43,41 millions de tonnes en 2021, avait appelé les responsables de l’UE à prendre des mesures rapides de subvention du gaz.
Selon les experts du secteur, en août, toutes les usines d’Allemagne, pays qui souffre le plus de la crise du gaz et qui totalise le quart de la production européenne de papier, ont procédé à des réductions de 20 000 à 50 000 tonnes d’achats de papier recyclé, soit près de 15 % de moins que la normale.
Les réductions de production ne se produisent pas seulement en Allemagne, Smurfit Kappa, le N°1 européen de l’emballage en carton ondulé, avait également procédé à une réduction de production de l’ordre de 50 000 tonnes en août en éteignant les machines pendant les plages horaires de fort coût de l’électricité et du gaz.
Face à des prix de l’énergie démultipliés depuis le début de la confrontation russo-ukrainienne, à des hausses attendues cet hiver et aux risques de rationnement, les papetiers échafaudent déjà des plans de rationalisation sur le court mais aussi le long terme, signe d’une perception éloignée du dénouement de la crise.
En Algérie, où l’opinion est en général peu attentive à la conjoncture hors-pétrole, la crise du papier s’est quand même brutalement invitée dans le quotidien des ménages.
Même le citoyen lambda l’aura douloureusement ressenti à la faveur d’une rentrée scolaire marquée par une hausse spectaculaire des prix des cahiers. Signe de l’impact de ce choc, caractérisé par des augmentations allant jusqu’à 150%, le gouvernement improvise, dans une certaine hâte, des « foires des fournitures scolaires » dans l’espoir de permettre au plus grand nombre, de doter les petites têtes brunes des indispensables fournitures à moindres frais.
Certaines municipalités comme celle d’Irdjen dans la wilaya de Tizi Ouzou ont carrément décidé de financer la rentrée scolaire en mettant gracieusement des fournitures à la disposition des enfants.
L’Algérie subit de plein fouet les effets pervers de la crise énergétique née du conflit en Ukraine quand bien même il est un pays où les énergies sont bon marché. Il s’agit d’un contrecoup direct de la structure extravertie de notre économie qui importe l’inflation en étant complètement dépendant.